Le programme d’enseignement de la lecture propose des fiches pédagogiques dans deux grandes sphères d’apprentissage : les habiletés orales ainsi que les connaissances et les habiletés fondamentales en lecture.
Les habiletés orales comprennent les habiletés langagières nécessaires aux apprentissages, notamment les différents niveaux de vocabulaire, la communication orale, les inférences et les stratégies d’écoute.
Les notions fondamentales de la lecture, quant à elles, comprennent la conscience phonologique et la conscience phonémique, la connaissance des lettres de l’alphabet et du système alphabétique (les correspondances graphèmes-phonèmes) nécessaires à l’apprentissage de l’identification des mots écrits, l’analyse des mots (les régularités orthographiques et morphologiques de la langue) et la fluidité en lecture. Dans le programme d’enseignement de la lecture Lire un jour, lire toujours!, chacune de ces composantes est divisée en sujets plus précis selon les attentes du programme-cadre de chacune des années d’études, de la maternelle à la 2e année.
Dans le cadre de ce programme, le choix a aussi été fait de recourir aux orthographes approchées jusqu’en deuxième année. Cette approche aide les élèves à exprimer des hypothèses sur la langue au fur et à mesure qu’elles et ils s’approprient le français. Les premières tentatives d’écriture ne seront pas les mêmes que celles des élèves de deuxième année, mais l’idée ici est d’autoriser les élèves à avoir des doutes orthographiques, qu’ils soient grammaticaux ou lexicaux. L’enseignante ou l’enseignant infirmera ou confirmera les hypothèses des élèves en donnant l’écriture attendue à l’aide d’un enseignement explicite de la règle ou de l’orthographe lexicale. Les orthographes approchées renseignent l’enseignante ou l’enseignant sur les connaissances que détiennent les élèves. De cette façon, elle ou il peut revoir les objectifs pédagogiques si la connaissance est erronée ou incomplète.
Le langage
Le langage oral se développe tout le long d’une vie. Pour cela, les élèves ont besoin d’un environnement d’apprentissage riche qui les expose à une variété de mots et de phrases. Elles et ils doivent également avoir des interactions avec des adultes et d’autres élèves, car cela joue un rôle crucial dans les apprentissages scolaires, tant sur le plan de la lecture et de l’écriture que sur celui des apprentissages en mathématiques, tout en favorisant le développement des habiletés sociales.
Le développement du vocabulaire est un processus continu. Toutes les situations sont pertinentes pour approfondir et enrichir le vocabulaire. Pendant les interactions verbales notamment, plusieurs avantages sont offerts aux élèves sur le plan langagier, dont le développement de leur langage expressif. Cette habileté langagière implique l’acquisition et l’utilisation de différentes compétences linguistiques telles que la grammaire, le vocabulaire, la syntaxe, la phonologie et la pragmatique.
La conscience de l’écrit
La conscience de l’écrit signifie d’amener les élèves à comprendre les buts et les fonctions de la langue. En d’autres mots, leur faire comprendre « comment ça marche ».
Il est essentiel pour l’enseignante ou l’enseignant de se rappeler que les élèves du groupe-classe constituent un groupe très hétérogène et qu’il ne faut pas perdre de vue cette réalité. Pendant les premiers apprentissages du français, en particulier si les élèves sont familières et familiers avec d’autres écritures ou peu socialisés à l’écrit, il est important de souligner les différentes écritures et leur orientation pour que les élèves de familles plurilingues et pluriculturelles puissent construire un sens avec les fondements de l’écrit. La diversité des apprenantes et des apprenants demande aussi à l’enseignante ou à l’enseignant d’être à l’écoute des besoins de leurs élèves afin qu’elles et ils développent des connaissances relativement similaires à celles de leurs pairs.
Afin que l’enseignante ou l’enseignant soit guidé dans les savoirs qu’elle ou il doit transmettre, il est important qu’elle ou il mentionne aux élèves ce que l’on fait avec l’écrit, c’est-à-dire son utilité, en faisant appel à leurs connaissances antérieures : on communique, on informe ou on s’informe, on exprime des besoins, etc.
La conscience phonologique et la conscience phonémique
« La conscience phonologique fait référence à la capacité de réfléchir à la structure sonore de la langue parlée, y compris la capacité de déterminer et de produire des mots qui ont la même rime, d’entendre les syllabes individuelles à l’intérieur d’un mot et de décomposer une syllabe en attaque, soit le ou les sons initiaux avant le son de la voyelle et la rime, qui est le reste de la syllabe » (Ministère de l’Éducation de l’Ontario. (2023). Le curriculum de l’Ontario, de la 1re à la 8e année, Français, p. 431). Elle aide les jeunes élèves à identifier et à manipuler les syllabes et les phonèmes des mots. Il est capital que les élèves développent de grandes compétences pour identifier et manipuler les unités sonores de la langue afin de pouvoir développer des compétences solides en identification et en orthographe de mots.
La connaissance des lettres de l’alphabet et du système alphabétique
Dès la maternelle et le jardin d’enfants, la connaissance du nom de chaque lettre de l’alphabet constitue une base solide pour l’apprentissage du son de la lettre. Les lettres sont apprises conjointement avec la graphomotricité qui réfère aux apprentissages liés à la mémorisation des différentes formes graphiques des lettres et à la gestion de leur tracé. Les élèves développent ainsi des acquis pour appuyer l’apprentissage du système alphabétique.
La planification de l’enseignement du système alphabétique est basée sur la fréquence des graphèmes, c’est-à-dire sur le nombre de fois que ceux-ci apparaissent dans un texte. Chaque fiche proposée a été conçue en ce sens et prend appui sur un contexte connu des élèves, par exemple, l’histoire lue quotidiennement ou le message du matin. Pour planifier cet enseignement, trois séquences ont été créées. Celles-ci proposent une progression des graphèmes à l’étude, soit des plus fréquents aux plus complexes. Chaque fiche met l’accent sur l’enseignement explicite des correspondances graphèmes-phonèmes/phonèmes-graphèmes. Cette démarche donne l'occasion d’entrer de façon efficace dans le décodage et l’encodage des mots.
Il est à noter que le programme-cadre de français, quant à lui, ne propose pas, à l’intérieur de son continuum, un ordre précis à respecter, mais plutôt une liste de correspondances graphèmes-phonèmes (CGP) à enseigner. Le continuum présenté commence de la gauche vers la droite, mais ne correspond pas à un ordre établi.
L’analyse des mots
L’analyse des mots est nécessaire pour l’apprentissage des compétences fondamentales ainsi que pour identifier et orthographier des mots, et ce, en raison de l’opacité de l’orthographe du français. Il existe un manque de consistance des correspondances entre les phonèmes et les graphèmes. Pour que les élèves soient en mesure d’apprendre à dégager les différentes structures relatives aux régularités orthographiques et morphologiques (par exemple, règles contextuelles, graphèmes à deux ou à trois lettres), celles-ci ont été abordées progressivement et intégrées dans la deuxième et troisième séquence d’enseignement.
La fluidité en lecture
La fluidité en lecture se définit par la capacité à lire des textes avec précision, à un rythme convenable et avec l’intonation appropriée. Elle joue un rôle important en établissant un lien entre l’identification des mots écrits et la compréhension de l’écrit. La fluidité vise à mettre de l’expression dans la lecture par la prise en compte du sens des mots et d’indices graphiques tels que la ponctuation. Plus l’automaticité est efficiente pendant la lecture de texte, plus la jeune lectrice ou le jeune lecteur pourra lire à voix haute avec expression et atteindre un bon niveau de compréhension du texte.
Soutenir la motivation de la lecture
La culture littéraire et la favorisation d’une communauté littéraire dans une salle de classe, c’est l’architecture autour de laquelle se construisent l’engagement et la motivation. L’enseignante ou l’enseignant veut que les élèves lisent et qu’elles et ils le fassent régulièrement afin de devenir des lectrices et des lecteurs habiles.
Les environnements d’apprentissage que crée l’enseignante ou l’enseignant ainsi que les messages communiqués au sujet de la lecture peuvent favoriser la motivation et l’engagement des élèves. L’engagement et la motivation ne se développent pas d’eux-mêmes. Les élèves sont influencées et influencés par les textes lus et les actions pédagogiques de l’enseignante ou de l’enseignant.